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Housing Action Day

Coronavirus : notre société était déjà malade avant, maintenant c’est pire. => ou : “Restez chez vous ! ok, mais où ? et comment ?” ou “Coronavirus : seul.le.s celles et ceux qui ont un logement sain peuvent être confiné.e.s. Organisons nous pour les autres.”

Nous vivons dans une société dans laquelle les inégalités sont structurelles. La crise sanitaire que nous traversons aggrave encore ces inégalités, et ne fait pas peser les mêmes risques sur chacun.e d’entre nous. Autrement dit : oui, nous pouvons tou.te.s tomber malades, mais nous ne serons pas tou.te.s touché.e.s de la même façon.

Le gouvernement fédéral a annoncé qu’il prendrait des mesures en matière de santé et en matière économique. Il nous a aussi annoncé que nous devions rester confiné.e.s… Et pourtant aucun mot sur le logement. Nous reconnaissons la nécessité du confinement. Mais être confiné.e chez soi ne revêt pas du tout la même réalité selon notre condition sociale. On ne peut comparer la situation d’un couple aisé, confiné dans une grande maison avec jardin, avec celle des familles vivant dans de mauvaises conditions. En effet, certaines personnes sont :

– mal logé.e.s : vivant à 6 dans 40 m², dans un logement insalubre (comme c’est le cas de 41 % des enfants à Bruxelles), ou dans un logement mal (ou pas) chauffé, plein de champignons ;

– non logées : vivant à la rue ou en promiscuité dans des centres d’hébergement d’urgence, sans accès illimité à l’eau et au savon, éléments nécessaires pour se protéger, et le cas échéant, guérir ;

– sans-papiers : vivant dans la peur des actions policières, ici ou aux frontières de l’Europe… ou vivant dans des camps de réfugiés là-bas ou centres fermés ici;

– menacé.e.s et apeuré.e.s dans leur propre logement, par les violences conjugales ou familiales ;

– enfermé.e.s et qui espèrent pouvoir sortir au plus vite vu la crise mais n’ont pas aujourd’hui de solution de sortie institutionnelle (centres fermés, prisons).

Sans coronavirus, être mal ou non logé.e pèse déjà lourdement sur l’état de santé. Les temps qui nous attendent ne feront que mettre en évidence qu’il s’agit d’une question vitale. Et les problèmes se cumulent. En effet, parmi les travailleu.r.se.s les plus impacté.e.s par les mesures prises pour contrer l’épidémie, se trouve également un nombre non négligeable de personnes mal logées.

Ainsi, tandis que certain.e.s bossent à domicile, et que d’autres auront la « chance » d’obtenir une aide sociale, des milliers de personnes vont subir la double peine : être confiné.e.s dans un chez eux parfois déplorable voire dangereux, sans revenu. Nous pensons ici aux étudiant.e.s, travailleu.r.se.s précaires, non déclaré.e.s, petit.e.s indépendant.e.s… Non, cette crise ne touchera pas tout le monde de la même façon.

Et dans le même temps, certaines activités se poursuivent, mettant en danger essentiellement les ouvrier.e.s.

Et dans le même temps, le personnel de santé déjà surmené suite aux coupes budgétaires exacerbant le manque de moyens humains et matériels, se trouve une nouvelle fois confronté à l’urgence avec comme mot d’ordre : faire plus avec moins. Les luttes récentes du personnel soignant démontrent clairement les difficultés que ces travailleurs vivaient déjà au quotidien. Ce que nous montre la crise actuelle, c’est que la marchandisation de la santé et du logement est une menace sur nos vies.

C’est pourquoi, nous, associations et collectifs mobilisés pour le droit au logement, revendiquons des changements structurels. Les mesures que nous préconisons ne sauraient être temporaires. Elles sont, dès lors que la menace sanitaire a révélé la défaillance de nos mécanismes de solidarité, simplement urgentes et nécessaires. Nous saluons certaines mesures déjà prises (prolongation de la trêve hivernale de Vivaqua, interdiction des expulsions domiciliaires dans les 3 Régions durant le confinement, réquisition d’hôtels pour le confinement des personnes sans abri…) mais soulignons aussi l’importance de leur pérennité.

Nous demandons :

1    Un moratoire prolongé sur toutes les expulsions. Le corona nous montre qu’il est possible de suspendre les expulsions. Ce qui doit nous encourager à remettre cette pratique en cause, celle qui vise a renvoyer des gens à la rue.

2    L’annulation de la loi anti-squat1

3    Des solutions de logement immédiates pour les personnes sans-abri. Elles sont possibles : à court terme, réquisition d’hôtels, de logements touristiques et de résidences secondaires. Et à plus long terme: réquisition des logements publics et privés vides. Les logements privés qui sont vides pour des raisons spéculatives doivent être mis en gestion publique.

4    Jusqu’à la fin de la crise sanitaire et économique, une suspension des remboursements des crédits hypothécaires, pour les personnes impactées par la crise de façon directe ou indirecte.

5    Jusqu’à la fin de la crise sanitaire et économique, une possibilité de suspension du payement de loyers pour les ménages affectés par la crise;

6    Un arrêt total des coupures d’énergie et de limitation des débits d’eau, une généralisation du tarif social sur l’énergie et l’eau.

7    Jusqu’à la fin de la crise sanitaire et économique, une protection financière pour toutes les personnes ayant un travail précaire et qui ne bénéficieront pas d’une allocation de remplacement (personnes vivant de la mendicité, travailleu.r.se.s du sexe, étudiant.e.s, travailleu.r.se.s non déclaré.e.s avec ou sans-papiers,…): un fonds social pour les travailleu.r.se.s à la marge;

8    La libération des détenu·e·s en détention préventive qui ne présentent pas de danger pour autrui ; la libération de tou·te·s les détenu·e·s âgé·e·s, malades ou qui présentent une quelconque fragilité, le recours à la libération conditionnelle dans un maximum de cas où cela est envisageable ; et des solutions de relogement d’urgence pour celles et ceux qui en nécessiteraient;

9   La fermeture immédiate des centres fermés et des solutions de relogement pour les personnes qui en nécessiteraient;

10   La régularisation immédiate des personnes en séjour irrégulier;

11    La mise en place de mesures permettant de limiter au maximum les investissements dans l’immobilier par les investisseurs institutionnels et les fonds spéculatifs. Nos villes ne peuvent pas subir une nouvelle augmentation des prix de ventes et de locations !

Avec quel argent ?

Une grande partie des mesures que nous préconisons ne coûtent rien, voire même moins d’argent (libération des détenus en préventive, fermeture des centres fermés, etc).

Pour les autres, nous pouvons collectivement trouver des solutions. Pour commencer, exigeons la mise à contribution des multinationales et autres grandes entreprises ultra-bénéficiaires (en 2019 et dans les années précédentes) par l’annulation du versement des dividendes à leurs actionnaires. Les créances des petites entreprises doivent être également annulées. Ensuite, exigeons un moratoire sur le remboursement de la dette publique (30 milliards de capital arrivant à échéance) et une suspension immédiate du remboursement des intérêts (10 milliards d’euros sur une année), soit au total1.5 fois plus que les dépenses de l’État pour la santé. L’Union européenne vient de suspendre ses règles budgétaires (1050 milliards d’euros injectés), des fonds sont donc disponibles. Refusons que soient payés avec notre argent le refinancement des banques et les intérêts des gros investisseurs privés. Ces acteurs sont encore une fois responsables de la nouvelle crise financière, latente avant le choc du COVID-19. Il est grand temps pour eux de payer la note2.

La BCE a débloqué 750 milliards pour sauver l’économie et calmer les places boursières. Que sera-t-il fait pour sauver l’action sociale, renflouer la protection sociale, renforcer les droits fondamentaux… ?

Aujourd’hui, nous sommes chez nous (pour celles et ceux qui en ont un), nous sommes confiné.e.s, nous comprenons les risques et nous ne manifesterons pas en rue le 28 mars. Nous restons cependant déterminé.e.s pour faire du bruit et faire appliquer le logement pour tous et toutes par de nouveaux moyens de mobilisation encore inédits ! Dès la fin de ces mesures, nous reprendrons nos espaces publics, notre mobilité, notre droit à la ville, pour déterminer ensemble ce que nous voulons comme société. Repensons nos priorités, organisons-nous collectivement, favorisons les secteurs d’activités et les services dont nous avons le plus besoin !

L’intérêt collectif doit primer sur les intérêts financiers. La crise du coronavirus doit être l’occasion de repenser notre avenir commun !