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Acteurs du social et du socioculturel parlent d’une voix : une stratégie de déconfinement qui prenne au sérieux toutes les populations demande deux actions cruciales

Depuis le 13 mars 2020, la Belgique vit au rythme du COVID. Le confinement, nécessaire pour ralentir la progression du virus, atterrit brutalement sur un terreau d’inégalités. Le confinement révèle implacablement cette pauvreté, le non-accès aux droits de base vitaux pour une part importante de la population, l’oubli de vulnérabilités diverses. Les derniers chiffres datant d’avant la crise sanitaire indiquaient que 16,4% de la population belge, soit plus de 1,8 million de personnes au total (!) vivaient avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté, le nombre le plus élevé depuis le début des mesures systématiques dans notre pays . Cette crise sociale déjà pré-existante ne sera

1. qu’exacerbée par la crise Covid.

2. Encore plus de personnes seront poussées dans la pauvreté et leur survie sera encore plus difficile : l’ERMG établit à près de 30% la part de la population en perte nette de revenus depuis le début de la crise

3. La perte de ressources financières se double de l’angoisse de cette réalité et du stress engendré par cette crise sanitaire sur la dégradation de la santé mentale individuelle et collective. Le « social » dans le champ de l’économie du travail d’abord, des familles ensuite. Jusqu’à présent, le gouvernement fédéral a pris des mesures tentant d’éviter qu’à un incendie sanitaire succède le désert économique. Entreprises et indépendant.e.s sont soutenus, variablement, par des mesures énergiques organisées sur base d’un principe de confiance. Le chômage temporaire a été renforcé et a conduit à des assouplissements pour les chômeur.euse.s ,

4. Notamment pour éviter l’enchainement des licenciements secs qui précipiterait la crise. Mais d’une part, de nombreuses formes de travail précaires ont été oubliées de la protection du chômage temporaire – ALE, wijkswerk, accueillantes d’enfants, jobs étudiants, travail intérimaire, CDD arrivés à leur terme et non reconduits, diverses formes de travail d’artistes… ; de l’autre, pour les personnes déjà hors travail reconnu avant la crise et qui ne bénéficient d’aucune mesure de soutien – personnes licenciées et chercheurs d’emploi, allocataires sociaux, sans-papiers, sans-abris, travail du sexe… ; pour les 25,3% (!) de la population estimés avant la crise comme n’ayant pas de capacité à faire face à des dépenses imprévues

5. la crise plonge dans une précarité chaque semaine plus dure.

1 Les statistiques EU SILC calculent le risque de pauvreté comme le fait d’avoir ses revenus à un niveau inférieur au revenu médian belge. Elles sont très utiles pour fournir un standard minimum de base, mais d’une part elles ne tiennent pas compte des situations particulières de chaque ménage ; de l’autre elles se basent sur des enquêtes qui sous-estiment certains revenus, notamment ceux issus de la propriété.https://plus.lesoir.be/8911/article/2015-10-12/la-pauvrete-est-sous-estimee-en-belgique
https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/risque-de-pauvrete-ou-dexclusion-sociale#figures

2 COVIVAT – Corona Onderzoeksconsortium Voor Inkomensverdeling en sociale effecten, Huishoudbudgetten en Sociale Minima in Lockdown, https://8d4783fa-1302-40da-8105-74e82c22674f.filesusr.com/ugd/4ab716_43e34cee5e024916a5d8dda8029c5cc3.pdf ; voir aussi: https://www.standaard.be/cnt/dmf20200517_04963100

3 https://www.lalibre.be/economie/conjoncture/perte-de-revenus-un-belge-sur-7-lourdement-affecte-a-causedu-coronavirus-5ea6d179d8ad58632c7cc9e9

Jusque fin mai, avec l’hypothèse d’une prolongation jusque fin août :https://plus.lesoir.be/299792/article/2020-05-09/la-ministre-de-lemploi-nathalie-muylle-veut-permettre-le-chomage-temporaire?from_direct=true

5 https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/privation-materielle-et-sociale

6 Voir aussi : https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2020/05/19/reactie-netwerk-tegen-armoede-op-getuigenis-dylan/?fbclid=IwAR1M40BQLe8CNVr5EVG-isbj5KumgBFSdS4MjOVDp7xdgSbMWP8NxEid3H4
La mobilisation de la société civile a permis de convaincre de la nécessité d’un congé parental pour les familles où s’impose la difficulté de concilier travail à domicile et garde d’enfants en obligation scolaire. Mais ses montants et conditions (notamment, la nécessité de l’accord de l’employeur) le rendent inaccessible aux travailleurs les plus précaires. Vu la dureté des efforts demandés à la population et le mécontentement qu’elle a manifesté quant au déséquilibre par rapport au champ économique, le Gouvernement a également autorisé à certaines conditions, des rencontres physiques familiales et amicales. A cela s’ajoute l’ouverture limitée des écoles et la reprise tout aussi limitée d’activités sportives dans des clubs organisés, complémentairement aux crèches et garderies dans les écoles qui sont mises en place depuis les premiers jours de la crise. Ces trains de mesures « sociales » s’appliquent toutefois avec un niveau de praticabilité relatif, mais surtout rencontrent très variablement les besoins des populations selon les conditions de vie inégalitaires préexistantes des personnes et familles (logement, localisation et espace extérieur, densité de population, mobilité, l’âge et la santé des grands-parents, inscription dans un club ou encadrement par un coach sportif ou pas, perte de revenu, etc.). Le « social »… des oublis purs et simple pour de nombreux secteurs. Bien des Essentiel.le.s (professionnels et citoyens) n’ont cessé de prendre en charge des populations porteuses d’importantes vulnérabilités multiples et nécessitant notamment un hébergement. Si les personnes âgées en maisons de repos et le personnel qui les encadre ont fini par faire l’objet de l’attention maximale nécessaire, c’est à la force d’un combat que les acteurs du handicap parviennent à se faire entendre. Mais que dire pour les populations et professionnels des autres nombreuses institutions de l’hébergement et du non-logement et sans statut . Que dire par rapport à toutes les associations et les professionnels de l’action

7 socioculturelle, de l’éducation permanente, du travail de quartier, de l’insertion sociale, etc .

8 Les entités fédérées agissent comme elles peuvent, mais l’attention fédérale n’a pas été accordée à ces populations et ces acteurs pendant le confinement et ne leur est pas plus accordée pour l’organisation du déconfinement. Celles et ceux qui étaient déjà à la limite/sous la limite, dans la pauvreté, l’isolement, la désaffiliation sociale, la débrouille, le non-droit, avant la crise épidémique, ne peuvent être laissé.e.s au bord de la falaise. Pour un réel déconfinement social qui parte des possibles des plus pauvres, des plus vulnérables, et des acteurs qui sont avec eux sur le terrain Un déconfinement social avec des impacts individuels, collectifs et sociétaux positifs, est celui qui partira des rythmes et possibles des personnes vivant à la rue, des migrants en transit, des sans-papiers, qui contrecarre les risques pour les 10% de la population belge ne sachant ni lire ni écrire, qui fait échec aux difficultés de la fracture numérique, qui soulage les familles monoparentales, qui évite les barrières de la langue pour les populations immigrées, qui comprend les difficultés particulières des personnes handicapées, qui reçoit un assentiment dans les quartiers

7. Adultes et familles en maisons d’accueil, enfants et adultes porteurs d’une déficience physique et ou mentales et/ou comportementale (handicap), enfants et jeunes en aide à la jeunesse, personnes hospitalisées pour des problèmes de santé mentale et d’addiction, femmes victimes de maltraitance, demandeurs d’asile dans des centres d’accueil y compris dans des centres fermés, personnes en détention, espaces d’hébergement transitoire allant du plus au moins précaires pour personnes sans-abris/migrant.e.s en transit souvent dans les mains d’ONG et de citoyen.ne.s soutenu.e.s, les ersonnes sans-papiers.

8. Les maisons de jeunes, organisation de jeunesse, action en milieu ouvert, maisons de quartiers, animations de rue, sport de quartier, maisons du bien-être social, projets de proximité, etc. populaires, chez les jeunes en déshérence, les marges abîmées par une vie dans le trop peu de tout et le sentiment du rejet social. Il devrait apporter de l’air et de l’horizon aux personnes éprouvées par la vie en confinement qui affecte plus durement encore quand des conditions matérielles d’existence sont insuffisantes. Il est indispensable que la gestion fédérale de la crise et de son déconfinement soit pensée avec les acteurs qui accompagnent ces populations les plus vulnérables : l’éducation permanente, le socio-culturel, les AMO, la culture en action, les ateliers culturels et sportifs informels dans les quartiers, les éducateurs de rue, associations de migrant.e.s, les associations de quartier et maisons du bien-être, les maisons médicales, les acteurs de la santé en ambulatoire dont les infirmiers de rue et associations organisant maraudes et vigilance sociale, les collectifs d’hébergeurs, les acteurs qui s’activent pour les sans-abris, les services associatifs et sociaux dans les prisons, etc. Les limites et/ou interruptions des actions portées par ces acteurs pendant le confinement démontrent à souhait l’urgence de les entendre sur leurs besoins et de les outiller en conséquence. Il serait dramatique que seul le critère sanitaire au sens épidémique reste central et sonne à un moment la fin de la crise, alors que ses conséquences sociales et en terme de santé mentale collective vont s’ajouter aux inégalités et injustices sociales préexistantes. Ensemble, le secteur social et socioculturel au sens large exige des Gouvernements responsables, fédéral et fédérés, et demande au Conseil National de Sécurité interfédéral, d’intégrer à leur stratégie de soutien économique et de soulagement des familles, l’impérative urgence d’un plan de déconfinement social au sens plein du terme. Celui-ci doit s’appuyer sur deux aspects :

● Une aide directe financière mensuelle urgente du fédéral vers les ménages appauvris, dans un principe de confiance : une allocation mensuelle Covid19. Une aide financière directe vers les ménages exposés est cruciale aujourd’hui, comme le sera dès demain le rehaussement des allocations sociales et revenus au minimum au-dessus du seuil de pauvreté, et le renforcement de la sécurité sociale.
● La planification d’un déconfinement organisé avec et par les acteurs concernés qui représentent ces populations vulnérables, et leur équipement, et ce dans une synchronisation avec les entités fédérées, à l’instar de ce qui se passe pour l’enseignement, les crèches et garderies et le sport.
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